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Manuelita
6 avril 2009

Des hommes et des femmes admirables ...

Extrait d'un témoignage de José Rodriguez, ex-coopérant Espagnol

"Quand je suis arrivé ici, je connaissais l’existence de FUSA et Sandy Yura, mais sincèrement, je n’avais pas d’idée claire de ce qu’était la santé communautaire et quelle fonction remplissait exactement un promoteur de santé. Quand tu viens d’Espagne, où existent des services de santé totalement gratuits pour tous et avec l’une des meilleurs qualités du monde, tu ne peux pas comprendre le rôle  ni l’importance du promoteur de santé.

Il faut venir ici, et constater que l’Etat est absent, que l’unique hôpital de la zone manque de banque de sang, de médecins, de lits, de matériel, de médicaments. Qu’ il faut payer pour tout. Que les communautés rurales nécessitent des heures pour arriver à la ville, un jour entier de navigation pour les Kichwas qui vivent dans le bas de la rivière. C’est quasiment impossible d’y arriver pour les gens qui n’ont même pas d’argent pour payer le trajet en barque.

Mais il faut voir aussi comment les compagnies pétrolières offrent des médicaments, paient les médecins, achètent les consciences … avec l’objectif que les communautés ne s’organisent jamais, pour que personne ne questionne leurs actions et qu’on ne leur exige rien.

C’est seulement en tenant compte de tous ces éléments que l’on peut comprendre à quoi servent les organisations communautaires telles que FUSA et Sandi Yura."

Qui sont les promoteurs de santé ?

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Ce sont des hommes et des femmes, de 16 à 66 ans… des gens, comme vous et moi …

… Sauf que, sans vouloir dévaloriser personne, entre vous et moi, rares sont ceux qui pourraient assumer une vie comme celle-là.

Les promoteurs de santé sont des paysans habitant les communautés, qui volontairement suivent une formation de premiers soins de santé, afin de pouvoir offrir aux gens de leur communauté un minimum d’accès aux soins de santé de base.

Comment devient-on promoteur de santé ?

La Fundación Salud Amazónica, où je suis volontaire, offre des modules de formation. Chaque module se déroule durant  5 jours, tous les 3 mois. Un promoteur de santé, pour être reconnu comme tel, doit avoir suivi trois années complètes de formation, et réussir un examen. A l’issue de ces trois années, le promoteur est apte à recevoir des patients et à gérer un botiquin comunitario, c’est-à-dire, un petit dispensaire communautaire.

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Ces promoteurs sont formés sur différents thèmes, tels que les premiers soins de santé, la planification familiale, le diagnostic des maladies simples, les sutures, les soins dentistes, la prévention des maladies infectieuses tels que la dengue et la malaria, la nutrition, la pédiatrie, l’usage des différents médicaments…

Le fait d’assister à ces cours est souvent un sacrifice pour ces personnes qui perdent du coup une semaine de travail dans leurs champs. Les femmes, plus particulièrement, doivent laisser leurs enfants à une autre personne (ce ne sont généralement pas les maris, souvent absents, qui assument cette tâche), ou les emmener avec elles au cours. D’autres doivent affronter  leur mari qui s’oppose à ce qu’elles sortent de la maison.

Assister à ces formations demande donc une certaine volonté, mais assumer le rôle de promoteur de santé en demande davantage encore !

Le promoteur, surtout lorsqu’il est reconnu pour son savoir-faire par les gens de sa communauté, a énormément de responsabilités à assumer, celles-ci s’ajoutant à son travail quotidien.

Un exemple: Simon, mon collègue. Il a commencé comme « simple » promoteur de santé mais fait maintenant partie, depuis deux ans, de l’équipe technique de FUSA. Etant promoteur de santé depuis une dizaine d'années, il a beaucoup de reconnaissance au sein de sa communauté et les gens viennent parfois de loin pour une consultation.

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Sa journée type ?

Comme la plupart des paysans, réveil à 4h00 du matin. Certains patients viennent le voir dès cette heure là, avant qu’il ne parte pour la FUSA. 6h30, sortie de sa communauté, 30 minutes, jusqu’à Sacha, la petite ville la plus proche. De là, une heure de bus pour arriver au Coca et commencer son travail comme technicien de FUSA: appui à l’élaboration de projets, sorties vers d’autres communautés pour donner des ateliers sur les thèmes de santé ou de production agricole. 18h00, fin du travail à la FUSA. 20h00, de retour chez lui, les patients l’attendent. Il mange entre deux visites, et reçoit des patients parfois jusque tard dans la nuit. Le lendemain, levé à 4h00 et on recommence ! Les week-ends sont consacrés aux travaux des champs qu’il ne peut pas réaliser pendant la semaine.

Et c’est parti pour toute la vie ! Ca vous tente ?

Tout ceci en tenant compte que ces promoteurs de santé ne reçoivent aucune compensation financière pour leur travail! (La FUSA disposant uniquement de l’argent nécessaire à la formation et au suivi des activités des promoteurs.)

Cependant, les choses pourraient commencer à changer ! Dans le cadre du nouveau modèle de santé "Intégral, Familial et Communautaire", mis en place par le gouvernement au niveau national, les promoteurs de santé sont en passe d’être reconnus par le Ministère de la Santé comme de véritables acteurs de santé. Effectivement, le nouveau modèle proposé voudrait pouvoir se targuer d’offrir un accès gratuit à la santé POUR TOUS ! Mais comment atteindre les habitants des communautés se trouvant parfois à plusieurs heures de marche dans la forêt ou de pirogue, si ce n’est au travers de promoteurs de santé qui y vivent et y apportent l’unique service de santé depuis des années ?

Cette reconnaissance commence peu à peu, avec la mise en place d’un plan d’épidémiologie communautaire, qui consiste à rescenser et identifier pour chaque famille de chaque communauté, les maladies existantes, mais également les risques biologiques, sanitaires et socio-économiques liés à la santé. Ceci afin de permettre au Ministère de la Santé d’apporter aux communautés une attention de santé gratuite et adaptée. Les principaux acteurs de cette récolte de données sont les promoteurs de santé, chacun d'entre eux se chargeant du "rescensement" de sa communauté. Cette étude épidémiologique devrait être menée dans toutes les communautés du pays - ce qui n'est pas une mince affaire! Pour ce qui est de la FUSA, elle se charge d'appuyer le travail de récolte de données dans les 35 communautés métisses et Shuars avec lesquelles elle travaille.

J’ajoute quelques photos du dernier cours donné en janvier … Celui-ci avait pour but la socialisation de ce nouveau modèle de santé auprès des promoteurs. Nous avons ensuite accompagné chacun d'eux pour qu'il diffuse à son tour le nouveau modèle auprès des habitants de sa communauté.

Au cours de cette semaine de formation, j’ai eu l’occasion de discuter et de faire connaissance avec la plupart des 20 promoteurs qui étaient présents. Des témoignages de vie souvent touchants, impressionnants  de force et de dévouement !

Pour la petite anecdote (et pour ceux qui connaissent ) j’ai expérimenté avec eux une partie de « loup garou » à grande échelle…et pour donner écho à la réalité de l’Amazonie, les loups étaient devenus des pumas et la voyante était un shaman ! Un grand moment !

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