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Manuelita
13 avril 2006

Contre le TLC

Hola todos,

Y paraît que je ne donne pas assez de nouvelles … voici donc!

Ici la vie suit son court, au rythme des récoltes. C’est maintenant la période du maïs et les invitations fusent de toutes part dans les communautés. J’ai pu goûter au gâteau de maïs et autres préparations … un vrai délice !

C’est super gai de suivre ce rythme, d’apprendre à reconnaître les différentes plantes…café, cacao, cacahuètes, avocats, mangues, papayes,..., à repérer les cosses qui peuvent contenir de jolies semences pour fabriquer des bijoux.

Colon, un ami artisan de Jipijapa m’apprend à réaliser boucles d’oreilles, colliers, bracelets…je me débrouille déjà pas mal pour certains trucs, je sus assez fan !

Je viens de passer un chouette petit week-end avec deux amis de Jipijapa (Colon et Tyler, un autre ami peintre). On est allé camper dans une communauté oú se trouve une cascade au pied de laquelle on a pu se baigner. Le jour suivant on est allé à Montañita, plage de surfers avec ambiance très « internationale » à trois heures de Jipijapa. Pas mal d’artisans vont vendre leurs trucs là-bas. Mes deus potes ont installé l’un ses bijoux l’autre ses peintures et j’ai passé l’après-midi à faire de l’artisanat… c’est ça les vacances ! La route du retour de Montañita est toujours un plaisir, longeant la mer au coucher du soleil…un régal !

A part toutes ses considérations « vacancières », on a été pas mal occupé à la UPOCAM la semaine dernière avec les manifestations contre le TLC (Tratado de libre comercio). Je ne sais pas trop si on en parle en Europe en ce moment, je me permets donc un « petit » mot d’explication. Il s’agit donc d’un traité de libre échange (encore un !) que les Etats-Unis tentent d’imposer à l’ensemble des pays latino-américains. Jusqu’à présent,

la Colombie

et el Pérou ont déjà signé ce traité. Comme toute proposition d’accord commercial émanant des States, le TLC implique des conséquences qui peuvent s’avérer désastreuses pour les pays d’Amérique latine. Les deux points sensibles débattus en Equateur sont l’agriculture et la propriété intellectuelle concernant les médicaments.

Pour ce qui est de l’agriculture, l’ouverture des frontières aux importations américaines permettrait l’entrée de produits agricoles à bas prix sur le marché équatorien. Ces produits hautement subsidiés par le gouvernement américain entreraient à des prix tellement bas qu’il sera impossible pour les agriculteurs équatoriens de les concurrencer. Ces petits paysans pourtant majoritaires dans le pays seraient donc voués à disparaître.

Concernant la propriété intellectuelle, il s’agit des brevets que les firmes pharmaceutiques posent sur les médicaments dont elles sont les créatrices. (Petit clin d’œil à Barbish …) Selon une loi établie par l’OMC, grâce à ce brevet, les firmes détiennent la propriété sur leur médicament durant vingt ans. Au travers du TLC, les Etats-Unis (principaux fournisseurs de médicaments en Equateur) veulent augmenter la validité de ce brevet à 25 ans. Ceci recule la possibilité pour les pays latinos de fabriquer les médicaments génériques fortement prisés essentiellement par les paysans car beaucoup plus accessibles économiquement. De plus, les Etats-Unis demandent la création d’un brevet de « nouvel usage ». C’est-à-dire qu’un même médicament qui a été breveté une première fois pour l’une de ces propriété curative pourrait être breveté une deuxième fois (pour une nouvelle période de 20 ou 25 ans) pour une autre de ses propriétés qui aurait été découverte par après. Tout ceci entraînerait le retrait du marché équatorien de la majorité des médicaments génériques et limiterait alors fortement l’accès aux médicaments pour une grande partie de la population qui n’a pas les moyens d’acheter les médicaments de marques.

Au vu de cette situation plutôt alarmante, le pays est perturbé par de nombreuses manifestations. Les troubles sont beaucoup plus importants dans la région andine oú les paysans sont beaucoup plus organisés. Dans la région côtière, les organisations paysannes sont moins développées, il y a donc mois de mobilisation. La semaine passée, on a quand même participé à une manifestation à Portoviejo, capitale de la province de Manabí (là où je vis). Cette manifestation visait non seulement le TLC mais également la privatisation de la gestion de l’eau (qui pose énormément de problèmes dans la région) ainsi que l’installation de bases américaines dans la région (il en existe déjà une à Manta, non loin de Jipijapa et les USA veulent s’approprier une nouvelle part du territoire de la côte pour en faire une concession sur 100 ans).

Deux jours plus tard, une grande partie des membres de la UPOCAM ont participé à une grande manifestation nationale à Quito…à laquelle je n’ai malheureusement pas pu participer. Ces manifs sont depuis peu interdites aux européens travaillant dans les organisations paysannes équatorienne. Le gouvernement suspecte les européens d’impulser et de financer ces mouvements de protestation à l’encontre des Etats-Unis. Afin de ne pas risquer de me faire jeter du pays, je suis donc gentiment restée à

la UPOCAM.

La décision finale de la signature du TLC par l’Equateur doit se prendre vers le 15 avril… On sait malheureusement que les grands industriels qui ont un certain pouvoir au point de vue du gouvernement ont tout intérêt à ce que ce traité soit signé…

A ver lo que pasara…

Si vous voulez en savoir un peu plus ... http://risal.collectifs.net/article.php3?id_article=1651

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